Episode 03

Autiste Asperger, comme son fils

S’il est rare qu’un médecin-psychiatre accepte de suivre des membres d’une même famille en thérapie individuelle, Sarah et son fils Nicolas sont tous deux patients de la Dre Séverine Cesalli à Martigny. A l’origine de cette configuration inhabituelle, une situation tout aussi singulière : alors que Sarah accompagne son fils chez sa pédopsychiatre, elle finit par se reconnaître en lui. Le diagnostic tombe, elle aussi est autiste Asperger. S’ensuit alors une prise en charge au long cours pour les aider au quotidien.

Modération de Vicky De Paola

01.03.2023

Sarah se souvient très bien de son premier jour dans le bureau de la Dre Cesalli. Elle accompagnait son fils de dix ans dans une période où gérer ses émotions et ses angoisses était une véritable difficulté pour lui. « Je savais qu’il était différent, raconte Sarah au micro de Vicky de Paola. Je voulais comprendre pourquoi et l’aider à se calmer. C’est mon cœur de maman qui parlait. » Après une batterie de tests pour déterminer, d’abord, s’il est haut potentiel, la Dre Cesalli conclut qu’il présente les signes du syndrome d’Asperger, une forme d’autisme sans déficience intellectuelle ni problème de langage mais impliquant un repli sur soi, des difficultés à tisser des relations et à réguler ses émotions, entre autres.

« J’ai le même gène que mon fils »

Mais au fur et à mesure des séances, Sarah réalise qu’elle se sent comme son fils, incomprise et en décalage avec une société jugée trop normative. A 40 ans, le diagnostic, souvent difficile à poser, tombe : Sarah est, elle aussi, autiste Asperger. « J’ai le même gène que mon fils, dit-elle sans surprise. Le diagnostic a été une révélation, un grand soulagement. » Depuis 2015, la Dre Cesalli reçoit donc Sarah toutes les 2 à 3 semaines pour un suivi de soutien et de coaching, en parallèle de la prise en charge de son fils : « La Dre Cesalli fait partie de notre vie », se réjouit Sarah. Un suivi qui lui a permis d’apprendre à naviguer dans le flux des interactions sociales et à aménager son environnement en expliquant aux autres comment elle fonctionne et en exprimant ses besoins et ses limites. « Tout ça grâce à la thérapie », précise-t-elle.

Si ce suivi a également permis à Sarah de retrouver une activité professionnelle, les difficultés rencontrées l’ont pourtant menée à un licenciement. « Pour moi, être cataloguée, sanctionnée ou mise de côté parce que j’ai un handicap, s’insurge-t-elle, ce n’est pas tolérable. Pas en 2023. » Un incident qui questionne la définition de handicap et interroge la société dans son ensemble : « Dans les films et les livres, raconte la Dre Cesalli, les héros sont tous assez atypiques. On vénère la différence mais en même temps ça fait peur. » Une façon aussi pour la pédopsychiatre de rappeler que les personnes présentant des troubles du spectre autistique ont certains atouts profitables à la société : « Elles mettent le doigt sur les dysfonctionnements, les injustices, les problèmes et les discriminations, détaille la Dre Cesalli. Ce qui est inapproprié, c’est d’appeler ça des troubles. Je pense que le monde irait mieux s’il y avait plus de personnes avec des troubles du spectre autistique (TSA). »

Sarah avec la Dre Cesalli

Sarah (g.) avec la Dre Cesalli (d.)

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