Episode 06

Il brigue le titre de n°1 mondial avec son médecin

C’est en repoussant les limites de son handicap, une hémiplégie dont il souffre depuis l’âge de 2 ans, que le skieur Théo Gmür a réussi à se hisser à la première place des Jeux Paralympiques de 2018. Une prouesse atteinte au prix de nombreux efforts et qu’il espère renouveler grâce au Dr Pierre-Etienne Fournier, spécialiste en médecine physique et réadaptative à Sion. Depuis six mois, il l’accompagne suite à une blessure au genou et l’aide à se dépasser tout en mettant un point d’honneur à ménager sa santé.

Modération de Vicky De Paola

24.05.2023

Un matin, alors que Théo Gmür est âgé de seulement deux ans, ses parents le retrouvent complètement paralysé du côté droit. Après quelques semaines au CHUV pour des investigations, les médecins en ont conclu qu’il pouvait s’agir des conséquences d’un œdème ou d’une attaque cérébrale (AVC). « Aujourd’hui, je ne le sais pas encore », déclare Théo Gmür.

Un accident qui, dans son cas, a occasionné un affaiblissement musculaire d’un seul côté du corps. « C’est rare que les gens aient la malchance d’avoir une hémiplégie si jeune », explique le Dr Pierre-Étienne Fournier, médecin du sport au sein de la Clinique romande de réadaptation de la SUVA à Sion (Valais). « C’est plutôt une maladie de personne âgée avec des déficits qui dépendent de la partie du cerveau qui a été touchée. »

Un handicap source de motivation

Si sa condition physique aurait pu constituer une source de découragement, Théo Gmür a fait preuve d’abnégation face à la maladie. « J’ai transformé mon handicap en force », témoigne l’athlète. Porté par la passion de sa famille pour le sport, Théo Gmür a chaussé les skis à deux ans et pratiqué avec ceux qu’il appelle « les valides » pour se surpasser. Un pari réussi pour ce sportif qui s’est hissé au sommet des mondiaux paralympiques de 2018.

Théo Gmür a dû redoubler d’efforts pour atteindre ce niveau, comme l’explique son médecin : « On a la chance, nous les valides, d’avoir deux côtés plus ou moins symétriques et de ne pas mettre en danger la partie valide pour compenser le déficit de l’autre partie. » Dans ces conditions, Théo Gmür doit miser sur le côté complètement fonctionnel en prenant le risque de le surcharger et de souffrir de lésions. « Un déséquilibre pour lequel il doit travailler ferme en physiothérapie », rappelle le médecin.

Protéger l’athlète et sa santé

Si le Dr Fournier est aux premières loges des défis sportifs et assiste aux exploits comme aux défaites de ses patients, que ce soit en tant que responsable de l’équipe suisse de football ou médecin de Théo Gmür, il ne doit pas oublier sa mission : « Il ne faut pas vouloir faire du sport par procuration, explique-t-il. Notre rôle est de protéger l’athlète. »

A ce sujet, le Dr Fournier estime qu’une meilleure préparation aurait peut-être pu éviter à Théo Gmür de se blesser au niveau du genou. « Parfois, rappelle-t-il, il faut freiner Théo pour éviter qu’il se mette en danger. » D’où la nécessité d’un dialogue et d’une compréhension mutuelle : « Sportif ou pas, si on ne parle pas la même langue on n’arrivera pas à échafauder un projet thérapeutique avec le patient. Si on parle la même langue dès le départ, c’est bien plus simple, il y a un climat de confiance qui s’installe et qui grandit. »

Ensuite, libre au patient de suivre ou non les conseils de son médecin, précise-t-il : « L’athlète est libre de dépasser ou non la limite. Notre rôle, c’est de montrer les risques encourus s’il va trop loin. »

Théo Gmür avec le Dr Pierre-Étienne Fournier

Théo Gmür avec le Dr Pierre-Étienne Fournier

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