Episode 19

Quand les médecins tombent malades : l’histoire de Sara

Les médecins ne sont pas à l’abri de tomber malades. Quand Sara* apprend que son mari souffre d’un grave problème de santé, elle a l’impression de perdre pied. Cette jeune médecin, cheffe de clinique aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), se reproche d’avoir raté quelque chose et fait une dépression. Dans le cabinet du Dr Franco Renato Gusberti, psychiatre et psychothérapeute, elle se retrouve cette fois dans le rôle de la patiente. Ils se sont rencontrés grâce au réseau de soutien ReMed. Cette organisation du corps médical aide les médecins confrontés à des difficultés à continuer de pratiquer dans les meilleures conditions possibles.
*Prénom d’emprunt

Modération de Vicky De Paola

03.07.2024

En octobre 2022, le monde de Sara s’écroule. Son mari tombe soudainement et gravement malade. Elle-même médecin, cette dernière s’en veut de ne pas avoir remarqué que quelque chose n’allait pas : « J’ai culpabilisé, confie-t-elle. J’avais l’impression de l’avoir laissé tomber malade, c’était très difficile. »

Après quelques semaines de congé passées à ses côtés, elle retourne au travail et ressent des difficultés : « A l’époque je travaillais avec des patients en situation assez critique et souvent palliative. Je voyais ça à la maison, je voyais ça au travail. Au bout d’un moment, je me suis rendue compte que cela n’allait pas. Un jour ma collègue m’a juste demandé "Ca va?" et j’ai commencé à pleurer. »

C’est à ce moment-là que Sara entend parler de ReMed, un réseau de soutien mis en place par la Fédération des médecins suisses (FMH) pour les médecins en difficulté. Elle se souvient : « Elle m’a dit "Je te donne ce numéro de téléphone. Appelle ce monsieur, il va t’aider". C’est comme ça que je suis venue voir le Dr Gusberti. »

Une patiente presque comme les autres

Au terme de leur première rencontre, Sara et le Dr Gusberti décident d’entreprendre une psychothérapie intensive à son cabinet. « Sara a souffert d’un stress énorme qui était devenu insupportable, raconte-t-il, avec la triple pression d’être à la maison auprès d’un mari très malade, de devoir s’occuper de ses enfants, et d’avoir responsabilité de cheffe de clinique (…). C’était important de tenir compte de cela et de trouver une façon d’accompagner Sara et l’aider à résoudre ses problèmes les uns après les autres. »

En complément, Sara a également initié un traitement par antidépresseur. Si elle y était d’abord réticente, le Dr Gusberti a réussi à la convaincre en l’impliquant activement. Elle raconte : « Il m’a laissé le choix de la molécule. Bien sûr, il a également réfléchi à la question pour déterminer si celle que j’avais choisie était la bonne ou non, et nous sommes tombés d’accord. J’ai beaucoup apprécié cette façon de travailler. Il a respecté mon côté médecin tout en me prenant en charge comme n’importe quel autre patient. »

Protéger les médecins et les patients

Les enjeux ne sont pourtant pas complètement les mêmes pour un médecin atteint dans sa santé que pour d’autres types de patients. Comme l’explique le Dr Gusberti, qui a plaidé pour que Sara cesse temporairement de travailler : « La situation exigeait un arrêt de travail car un médecin préoccupé, dépressif et qui a des difficultés à se concentrer, c’est aussi un problème pour le patient. Nous sommes là pour aider les médecins en crise et les protéger, mais aussi protéger les patients. »

Un sentiment partagé par Sara, qui s’est sentie limitée dans son rôle de médecin : « Je me sentais un peu paralysée, même dans des situations que je connaissais bien et qui faisaient partie de mon quotidien. Face à certaines situations, je me suis retrouvée démunie, je ne savais plus comment faire, je paniquais (…). Nous avons beaucoup de responsabilités et de questions à se poser. Être médecin, c’est quand même une grosse charge mentale. »

Aujourd’hui, Sara est sortie de crise : « L’état de mon mari s’est amélioré, explique-t-elle, je suis donc rassurée de ce côté-là. Je suis retournée au travail comme avant, à 100%, et les symptômes que j’avais ont disparu. Je suis vraiment très reconnaissante envers le Dr Gusberti de m’avoir aidée. » En partageant son histoire, Sara souhaite également faire connaître ReMed auprès de ses confrères et consœurs : « Grâce à ce podcast, j’espère que plus de personnes entendront parler de ReMed et que les médecins dans le besoin pourront tout de suite trouver de l’aide. »


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ReMed : la santé des médecins en question

ReMed est un programme de soutien mis en place par la FMH au service de ses membres. Il s’adresse aux médecins qui rencontrent des difficultés personnelles, professionnelles, financières, médicales ou juridiques, entravant la bonne pratique de leur profession. Dans ce podcast, le Dr Franco Renato Gusberti, membre du comité directeur de ReMed, explique en quoi il consiste : « Il s’agit d’un réseau d’aide pour les médecins car, souvent, les médecins ne font pas assez attention à leur propre santé. Nous avons créé cette plateforme, il y a déjà plus de dix ans, pour que les médecins en difficulté aient une possibilité de prendre contact avec des personnes du corps médical en cas de besoin. »

Contact et informations ici 

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