Episode 07

Quand l’intimité s’invite au cabinet

En tant qu’homme gay, Sam*, 34 ans, sait qu’il fait partie d’une population plus à risque d’être exposée au virus de l’immunodéficience humaine (VIH). Déjà atteint dans sa santé, il s’est donc adressé à la Dre Vanessa Christinet, responsable du centre de santé communautaire et sexuelle Checkpoint à Lausanne, pour bénéficier d’un traitement préventif appelé « PrEP ». Cette médication lui permet de vivre une sexualité plus sereine, sans peur d’une éventuelle contamination, et a ouvert la voie à une relation de confiance entre lui et son médecin.​​​​​​​

​​​​​​​(*Prénom d’emprunt)

Modération de Vicky De Paola

21.06.2023

Tous les jours Sam, prend un médicament actif contre le VIH. Pourtant, ce lausannois sexuellement actif est séronégatif, c’est-à-dire qu’il n’est pas infecté par ce virus. Sa motivation ? « La PrEP me permet d’avoir l’esprit plus tranquille contre le VIH, explique-t-il. Elle me permet de vivre ma sexualité comme je l’entends. »

Dans son cas, cette « prophylaxie préexposition » (PrEP), telle qu’elle est appelée dans le jargon, revêt un double usage. Elle lui permet non seulement de se protéger du VIH mais aussi de contenir l’hépatite chronique dont il souffre déjà. « L’un des composants de la PrEP est aussi actif contre l’hépatite B », explique-t-il.

Réduire les risques et déculpabiliser les patient-es

Pour obtenir sa prescription de PrEP, Sam se rend au moins tous les trois mois au Checkpoint de Lausanne, un centre de santé pour les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les personnes trans et queer. C’est là qu’il rencontre la Dre Vanessa Christinet, aussi cheffe de clinique adjointe au Centre d’immunothérapie et de vaccinologie (VIC), et son équipe d’infirmiers et d’infirmières pour un suivi régulier, des tests de dépistages et parler de réduction des risques.

Un sujet qu’elle maîtrise et dont elle parle sans détours : « On a beaucoup essayé, à un moment donné, de faire de la prévention en culpabilisant les gens, en leur faisant peur, et le VIH a été un très bon moyen pour ça. Je pense que c’est quelque chose qui n’est plus acceptable, y compris dans le domaine de la médecine. » Un message auquel Sam se rallie et qu’il résume en ses propres mots : « Il faut dédramatiser la sexualité. »

Payer pour se protéger : « un système aberrant »

Pour Sam, cette liberté sexuelle a un prix : « Si je ne voulais me soigner que pour l’hépatite B, commente-t-il, mon assurance maladie prendrait tout en charge. Par contre, comme je souhaite aussi me protéger du VIH, c’est moi qui paie. »

Cette situation le scandalise : « Je trouve cela complètement ridicule car le traitement seul contre l’hépatite B coûterait plus cher à mon assurance-maladie que de prendre en charge la PrEP. On est dans un système complètement aberrant où notre système de santé préfère réparer les pots cassés que de prévenir des dommages complètement irréparables ».

La sexualité : une porte ouverte à d’autres sujets

Si le sujet de la sexualité semble central dans la prise en charge de Sam, elle se révèle aussi un prétexte pour aborder d’autres sujets, autrement personnels et intimes. Dans ce contexte, Sam n’a pas de secrets pour son médecin, si bien qu’ils se tutoient et qu’il trouve en la Dre Christinet une alliée de choix dans les moments difficiles. « A plusieurs reprises, confie Sam, j’ai parlé avec Vanessa de mon mal-être psychologique car, comme tout le monde, il y a des hauts et des bas. Et j’ai traversé une longue période de bas où Vanessa m’a beaucoup aidé. »

Un cas de figure qui rappelle, selon la Dre Christinet, l’importance des médecins généralistes et de premier recours : « C’est une profession qui n’est pas assez valorisée et qui est absolument essentielle dans le système de soins. Elle coûte moins cher que d’autres spécialités et elle est extrêmement utile pour le bien-être des personnes. »

*Prénom d’emprunt, identité connue de la rédaction

​​​​​​​
Remarque : le suivi PrEP n’est pas une prestation exclusive du CheckPoint de Lausanne. Plusieurs centres médicaux de Suisse permettent d’initier un traitement préventif contre le VIH. Les personnes intéressées sont invitées à se renseigner auprès des institutions de santé de leur région.

Écoutez-nous où que vous soyez !

Abonnez-vous au podcast « A mes côtés » sur Spotify, Apple Podcasts et Google Podcasts et découvrez, chaque mois, une nouvelle histoire. Dans chaque épisode, Vicky de Paola donne la parole à un-e médecin et son ou sa patient-e pour aborder des questions de santé qui nous concernent toutes et tous.

 

Vous avez une suggestion ou vous ne voulez pas perdre un épisode?