Episode 13

Georges, 88 ans, malade et proche aidant

A 88 ans et malgré ses propres problèmes de santé, dont un cancer de la prostate, Georges Dabbous est proche aidant. Il s’occupe quotidiennement de son épouse Alice, 90 ans, alitée depuis 2021 notamment à cause d’une sclérose en plaque. Tous deux sont suivis par la Dre Di Pollina, spécialiste en médecine interne générale et en gériatrie. Elle connait le couple Dabbous depuis 2015 et leur rend visite régulièrement à domicile. C’est dans leur appartement et en présence d’Alice que Georges et son médecin évoquent les difficultés et le besoin de soutien lié à l’âge mais aussi l’amour qu’il a pour son épouse.

Modération de Vicky De Paola

10.01.2024

« Vieillir n’est pas un processus homogène, confie la Dre Di Pollina, spécialiste en médecine interne générale et en gériatrie à Genève. Chacun le vit à son rythme. » Et pour l’illustrer, le cas du couple formé par Alice et Georges Dabbous, âgés de 90 et 88 ans et mariés depuis 57 ans, est parlant.

Tous deux, comme on le dit dans le jargon médical, sont des cas « polymorbides ». Autrement dit, ils souffrent de plusieurs pathologies notamment causées par leur âge, nécessitant une prise en charge pluridisciplinaire et personnalisée. Alice, pour sa part, souffre d’une sclérose en plaque progressive déjà détectée en 1986, d’hypertension artérielle, d’un cancer de l’utérus, de séquelles à la suite d’une fracture de la hanche droite, de troubles cognitifs et autres complications qui l’empêchent de se lever depuis 2021. Elle a aussi survécu à une septicémie. Autant de problèmes de santé qui, selon son médecin, « limitent ses capacités ». Georges, quant à lui, souffre de douleurs dorsales liées à un canal lombaire étroit, d’hypertension artérielle, d’un léger diabète et d’un cancer de la prostate. Il a aussi été opéré de la cataracte.

Témoin de leur parcours face aux effets de l’âge, la Dre Di Pollina, les suit depuis près de 8 ans à raison d’une fois tous les un ou deux mois, y compris à domicile. « Dans ma longue carrière, explique-t-elle, j’ai rarement vu un couple comme celui-là, avec un mari aussi dévoué. Nous avons surmonté beaucoup de choses ensemble et Monsieur Dabbous a mon numéro de téléphone portable en cas d’urgence. »

Une prise en charge à domicile

En dépit de ses propres problèmes de santé, Georges Dabbous assiste son épouse au quotidien et a décidé d’endosser le rôle de proche aidant : « J’ai refusé qu’elle aille dans un établissement médico-social (EMS) à deux reprises (…), explique-t-il. Les médecins avaient peur que je craque mais le lien que j’ai avec elle depuis si longtemps a permis de surmonter les difficultés. Et nous sommes quand même bien aidé par la Dre Di Pollina, l’Institution genevoise de maintien à domicile (IMAD) et nos enfants. »

Pour le médecin du couple, qui leur rend visite régulièrement, ce témoignage démontre très bien la volonté des patients : « C’est plutôt hors du commun de pouvoir rester à domicile à cet âge. Mais la situation n’est pas inhabituelle non plus car c’est ce que souhaite la plupart des patients. Certes, il faut avoir l’avis d’un médecin et des soignants mais je crois que cela est toujours possible si les conditions le permettent. »

Le rôle essentiel du gériatre

La Dre Di Pollina rappelle la nécessité pour les personnes âgées d’être accompagnées et de bénéficier d’un soutien spécifique : « A travers mon parcours, je vois qu’il est possible de vieillir activement (…). Le cas d’Alice Dabbous le montre très bien puisqu’elle continue de lire en allemand. Mais sans son époux, elle se serait peut-être laissée mourir. » Pour Georges Dabbous, tout cela n’aurait certainement pas été possible sans son médecin : « La Dre Di Pollina occupe une place importante dans nos vies, confie-t-il. C’est pour cela qu’il faut beaucoup respecter son médecin et savoir qu’il est là dans les moments difficiles. »

Au-delà de cette situation spécifique, la Dre Di Pollina souligne également que la gériatrie joue un rôle crucial en médecine afin de mieux comprendre et traiter les besoins spécifiques des personnes âgées : « Souvent, nous ne voyons que la maladie et la déchéance dues à la vieillesse, explique-t-elle. Nous devons lutter contre cette vision très négative qui participe à l’isolement des patients. » Elle regrette également que cette spécialité, reconnue par la FMH depuis 2004, demeure encore insuffisamment prise en charge par les assurances-maladies.

  • Georges et Alice Dabbous avec la Dre Di Pollina

    Georges et Alice Dabbous avec la Dre Di Pollina

  • Georges et Alice Dabbous

    Georges et Alice Dabbous

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