C’est en conduisant Françoise, une proche en fin de vie, chez sa spécialiste que Marie-Eve Volkoff a rencontré son médecin. Elle raconte: «La Dre Veragut Davies était la cardiologue d’une de mes très chères et très proches amies, décédée du cancer à l’âge de 56 ans (…). Quand Françoise évoquait la doctoresse, elle rajeunissait de dix ans. Elle souriait dans son triste état et l’attendait avec impatience, notamment à l’hôpital. Je voyais qu’il y avait une relation très profonde entre elles. Elle avait l’impression de pouvoir lui parler comme à une amie.»
Le choix d’un accompagnement à son image
A cette occasion, Marie-Eve Volkoff a décidé que la Dre Béatrice Veragut Davies deviendrait aussi son médecin. Ancienne psychologue et musicothérapeute, elle connaît bien la profession médicale puisqu’elle a été, pendant des années, patiente standardisée pour évaluer l’accompagnement promulgué notamment par les futurs médecins. Alors quand elle dit que la Dre Béatrice Veragut Davies est «exemplaire» elle sait de quoi elle parle: «J’étais convaincue que cette doctoresse-là était celle qui pouvait m’accompagner comme j’en avais envie, alors j’ai changé de médecin avant que mon cardiologue de l’époque ne parte à la retraite.»
Un choix qu’elle ne regrette pas : «Je lui suis extrêmement reconnaissante pour la relation, le soutien et la clarté de ses explications. Comme vous pouvez l’imaginer les histoires cardiaques sont rarement aussi bénignes qu’un cor au pied. Je peux parfois avoir l’impression d’être un peu limite en ce qui concerne ma survie. Des crises de tachycardie, c’est terriblement angoissant. Avec la Dre Veragut Davies, je me sens soutenue dans mon combat.»
Soigner n’est pas seulement prescrire
De son côté, la Dre Béatrice Veragut Davies s’émeut de ce témoignage: «J’en suis moi-même reconnaissante car ce que nous souhaitons en tant que médecin, c’est d’accompagner les patients. Cela ne signifie pas seulement leur prescrire des petites pastilles, même si le métier de cardiologue est très technique. Nous sommes appelés à suivre des personnes ayant des maladies chroniques très difficiles avec des causes de mortalité multiples. C’est important de pouvoir aussi leur fournir un espace de parole et de soutien, parfois infra ou supra verbal. Je pense que ça fait partie d’un tout dans la prise en charge.»
Dans le cas de Marie-Eve Volkoff, cet accompagnement repose plus concrètement sur l’adaptation de son traitement contre la tachycardie et l’hypertension: «On a mis en place une stratégie. On connaît les périodes vulnérables qu’elle traverse. En l’occurrence elle ne supporte absolument pas la chaleur et en souffre de plus en plus. Les fortes canicules à Genève ont vraiment un effet sur sa santé. Donc en amont, nous changeons les médicaments pour l’aider à mieux supporter la situation et quand cela ne suffit pas, nous ajustons au coup par coup.»
Pénurie de médicaments, vieillesse et climat: la santé en danger
Ces adaptations de traitement ne se déroulent malheureusement pas sans problèmes pour Marie-Eve Volkoff. Des pénuries de médicaments les confrontent, elle et son médecin, à la nécessité de devoir trouver des alternatives, comme l’explique la Dre Béatrice Veragut Davies: «Certains médicaments ne sont plus produits ou ne sont plus disponibles en Suisse. Alors nous devons modifier le traitement ou essayer de substituer un médicament à un autre. Parfois, les ruptures de stock sont transitoires mais dans les cas d’arythmie, ces changements peuvent être problématiques, notamment en raison de certaines contre-indications.»
La récurrence des épisodes de canicule étant, par ailleurs, un facteur aggravant de ses symptômes, Marie-Eve Volkoff a décidé s’engager en faveur de la protection de l’environnement. Elle parle de son militantisme: «Je fais partie des Ainées pour le climat, un groupe qui se bat très énergiquement pour les questions liées au dérèglement climatique. Cela a été relevé dans la presse et nous attendons une réponse de la Cour européenne des droits de l’homme. Une dizaine de juges est en train de se pencher sur les différents dossiers que nous avons constitués. Dans cette histoire, je fais partie des plaignantes et témoigne de la péjoration de ma qualité de vie. C’est-à-dire que je suis cloîtrée à la maison quand il commence à faire vraiment chaud et que je vis en dehors des réalités du quotidien.»
Les personnes âgées étant particulièrement fragilisées lors des épisodes caniculaires, le cas de Marie-Eve Volkoff soulève aussi la question du vieillissement de la population. Pour la Dre Béatrice Veragut Davies, il est essentiel de travailler aujourd’hui à préserver la santé des futurs aînés et à agir préventivement: «On a de plus en plus de personnes âgées, obèses ou qui souffrent de plusieurs comorbidités. Et cela posera problème si nous ne les prenons pas en charge en amont. D’où toutes les campagnes de prévention qui se multiplient aujourd’hui.»