Episode 16

Stress et diabète: une vie sur les montagnes russes

A bientôt 60 ans, Yvette Rolli, employée de commerce et mère de trois garçons, souffre d’un diabète de type 2 diagnostiqué en 2012. A la suite de difficultés familiales, d’un divorce et d’une fibromyalgie découverte récemment, son état de santé s’est aggravé. Face à la maladie et aux difficultés, elle trouve du soutien auprès de la Dre Julie Bucher, endocrinologue au centre Endodia à Bienne. Dans les hauts comme dans les bas, cette dernière fait le lien pour accompagner au mieux sa patiente. Ensemble, elles dévoilent les coulisses d’une vie avec le diabète.

Modération de Vicky De Paola

10.04.2024

Au début de l’histoire d’Yvette Rolli, un diabète de type 2 diagnostiqué par son médecin généraliste. Elle raconte: « On a d’abord instauré un traitement par voie médicamenteuse. Comme les glycémies étaient très difficile à gérer, il m’a conseillé de prendre rendez-vous chez une diabétologue. C’est là que j’ai eu le plaisir de rencontrer la Dre Julie Bucher. »

En tant qu'endocrinologue au centre Endodia à Berne, cette dernière précise: « Dans le diabète de type 2, le pancréas fonctionne mais ne produit pas assez d’insuline pour répondre aux besoins du corps. C’est ce qu’on appelle l’insulinorésistance, autrement dit la résistance du corps à l’action de cette hormone, laquelle fait entrer le sucre du sang vers la cellule. En général, ce type de diabète va apparaître chez des personnes avec un facteur de risque, comme l’obésité. »

Selon la Dre Julie Bucher, l’environnement et le mode de vie, notamment l'alimentation, jouent un rôle majeur, même si elle reconnaît que sa patiente n'est pas en surpoids. D’où la nécessité pour Yvette Rolli, déjà sensible à cette question, de prêter encore plus attention qu’avant à la qualité de ses repas, comme le souligne son médecin : « Avant de s’intéresser à manger bio ou sans viande, il faut parler de la qualité de ce que nous mangeons et être attentif aux quantités de graisses et de sucres ajoutés. »

Un esprit sain dans un corps sain

Malgré ses efforts, notamment alimentaires, pour gérer sa maladie, le diabète d’Yvette s’est emballé l’été dernier en raison d’événements apparus dans sa vie: « C’est un cumul de beaucoup de choses, personnelles et familiales, avec d’assez grands chocs. Je pense intimement que les choses sont liées, que le corps et l’esprit ne font un et qu’il demeure impossible de dissocier cette maladie de l’état psychique. »

Il faut savoir que, quand on parle de diabète, le contexte de vie est tout aussi décisif que l’hygiène alimentaire pour la gestion de la maladie. D’où l’importance pour la Dre Bucher d’avoir accès à la vie de sa patiente dans sa globalité. Ne rien se cacher semble le principe fondamental liant ces deux femmes: « Un stress aigu lié à un événement traumatique mais aussi un stress continu ou un état de tension va générer une production d’hormones du stress, comme de l’adrénaline, de la noradrénaline et du cortisol. Toutes ces hormones augmentent le taux de sucre. Avec un diabète préexistant, ce peut être un facteur déclencheur ou une cause de décompensation de la maladie. »

Aucun secret pour son médecin

Yvette insiste sur la nécessité d’entretenir une relation de confiance avec son médecin. Elle recommande une transparence totale pour assurer la meilleure prise en charge possible. Cette attitude lui a permis de se sentir soutenue et écoutée tout au long de son traitement, comme elle le raconte: « C’est très important d’avoir une relation de confiance avec son médecin, de bénéficier d’une une écoute et d’être suivie (…). Je pense qu’il faut être clair, net, précis sinon quoi l’aide n’est pas 100% complète. Il ne faut pas avoir de tabous pour son médecin, il faut y aller franchement. Je suis cash, je dis la vérité si j’ai fait un écart au niveau alimentaire. C’est aussi ça qui participe au traitement. »

Ce climat de confiance a aussi été rendu possible par son médecin: «En tant que diabétologues, nous faisons bien plus au fil des ans que de régler le dosage des médicaments. Notre travail demande vraiment de rentrer dans l’intimité des patients pour comprendre ce qui va et ce qui ne va pas. » Comme l’explique sa patiente, elle joue un rôle particulier dans sa vie: « Elle tient une place importante, elle m’offre un cadre. Et j’aime qu’elle ne soit pas une personne complaisante. Si ça ne va pas, elle va vous le dire. »

Une nouvelle vie

Bien qu’elle bénéficie du soutien et de l’aide de son endocrinologue, Yvette Rolli rappelle que le diabète est une maladie péjorant sa vie au quotidien: « Elle est toujours là. Avant les repas, il faut mesurer son taux de glycémie, déterminer s’il faut réduire ou non la portion alimentaire. Il y a des contraintes et il faut apprendre à vivre avec pour avoir la meilleure vie possible (…). Cela demande de faire le deuil de son ancienne vie. Il y a des jours où ça se passe bien et des jours où ça se passe moins bien. Dans ces cas-là, il faut accepter de faire moins et de s’accorder de l’espace et du temps. »

En tant que médecin, la Dre Julie Bucher témoigne également de l’évolution de sa patiente face à la maladie. Selon elle, le diabète l'a conduite à penser beaucoup plus à elle: « Au début, c’est vrai qu’Yvette Rolli était une personne qui voulait faire plaisir à tout le monde, qui s’oubliait beaucoup et qui n’arrivait pas dire non à des demandes vraiment exagérées. Après le diagnostic, elle a appris à penser davantage à sa santé physique et mentale. Elle est plus fidèle à elle-même qu’il y a quelques années. »

Une observation que complète sa patiente, heureuse de pouvoir compter sur l’espace que lui offre son médecin: « C’est un plaisir pour moi de venir consulter la Dre Julie Bucher car j’arrive à déposer mes tracas, mes joies et mes peines. Ici, je suis vraiment moi, Yvette Rolli. C’est très important de s’accorder des moments à soi. »

Dre Julie Bucher et Yvette Rolli

Dre Julie Bucher et Yvette Rolli

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