Episode 10

Octobre rose : son médecin l’aide à se reconstruire

En mars 2022, le gynécologue de Muriel Nanchen, 44 ans aujourd’hui, lui découvre une grosseur au niveau d’un sein lors d’un contrôle de routine. Les examens révèlent qu’il s’agit d’une forme particulièrement agressive de cancer, sa vie bascule. Dès lors, elle est prise en charge par la Dre Seidler, médecin spécialiste dans les maladies du sein, responsable de son opération et de son suivi à Sion. Dix-huit mois plus tard, arrivée au terme des traitements, elle se rend toujours à son cabinet pour tenter d’entrevoir l’avenir sans chimiothérapie et se reconstruire. Un chemin qu’elle parvient à accomplir, selon elle, grâce à l’attitude et aux mots bienveillants de son médecin.

Modération de Vicky De Paola

13.09.2023

« La Dre Seidler m’a dit que je ne mourrais pas et je ne suis pas morte. » C’est avec ces mots d’une grande force que Muriel Nanchen, 44 ans, entame son témoignage concernant son combat contre le cancer du sein. Dans ce podcast, cette mère de deux enfants travaillant à Sion dans le domaine de la protection de l’enfant et de l’adulte revient sur son parcours depuis l’annonce de son cancer du sein, en mars 2022. « C’est une année et demi de traitements, 16 séances de chimiothérapie, une opération, des rayons et de la chimiothérapie orale. »

Et pour cause, Muriel Nanchen est en rémission d’un cancer du sein dit « triple négatif » dans le jargon médical. Comme l’explique la Dre Stéphanie Seidler, sénologue au Centre du sein du Valais Romand et à la Clinique de Genolier, il s’agit d’une forme de cancer très agressive : « Il faut savoir que le cancer du sein se développe au niveau de la glande mammaire, explique-t-elle. Celle-ci est faite pour obéir aux hormones féminines via des récepteurs spécifiques se trouvant à sa surface. Le cancer triple négatif est un cancer qui, du fait de sa biologie, ne présente pas ces récepteurs aux hormones. Sans cela, on ne peut pas donner de traitement antihormonal pour contrer ces lésions. On se retrouve donc avec des lésions prolifératives qui vont nécessiter un traitement comprenant, entre autres, de la chimiothérapie. » (NDLR: les hormones participent à la croissance de certains autres types de cancers du sein. Dans ce cas, il existe des traitements permettant de couper la production de ces hormones et d’éviter la prolifération cancéreuse voire même le recours à la chimiothérapie.)

Une véritable relation de confiance

Toutes ces informations, Muriel Nanchen les as reçues directement de son médecin lors de leur rencontre : « La Dre Seidler m’a tout expliqué lors de la première consultation, raconte-t-elle, mais je ne suis pas sûr d’avoir tout compris. » Des propos qui n’étonnent pas la Dre Seidler : « La seule chose qu’on entend lors du diagnostic, c’est le mot cancer. » Pourtant, pour Muriel Nanchen, le poids des mots utilisés par son médecin ont permis de bâtir les fondations d’une véritable relation de confiance : « J’ai été portée par ses phrases, par notre lien, tout au long du parcours. J’ai senti tout de suite qu’elle était très bien. Elle a été très réactive dans la prise en charge et c’est quelque chose qui m’a beaucoup rassurée (…). Je suis sûre que ça fait partie de ce qui m’a permis de tenir le coup cette année. »

Aujourd’hui, après avoir côtoyé la mort de près, Muriel Nanchen se dit prête à se reconstruire et à reprendre partiellement ses activités professionnelles en octobre prochain. Cela grâce au soutien de son médecin, qu’elle continue à consulter même après la fin des traitements : « Normalement, il ne devrait plus y avoir de consultations avec la Dre Seidler. Mais, même si je suis encore suivie par une oncologue, j’ai demandé à continuer à la voir, en tous cas pour l’instant, jusqu’au jour où j’arriverai à me détacher. »

L’accompagnement post-cancer

Non prête à arrêter de voir son médecin, Muriel Nanchen reconnaît la difficulté à retourner à la vie quotidienne : « L’après-traitement est assez compliqué, contrairement à ce qu’on peut croire. Je n’ai plus de cancer pour l’instant mais je vais bien et pas bien en même temps. Je n’ai pas encore intégré le fait que je suis en rémission. » Ce point de vue, la Dre Seidler le comprend et le partage également : « Pendant les traitements, il y a des rencontres très rapprochées, explique-t-elle. Mais après on sait que c’est difficile pour les patients de retourner à la vie quotidienne (…). Cela ne se fait pas à la même vitesse pour tout le monde et, en tant que médecin, c’est un processus qu’on souhaiterait mieux accompagner. »

Ne croyant pas aux injonctions de la positive attitude relayés dans certains livres ou par des personnes atteintes de la même maladie, Muriel Nanchen souhaite également faire passer un message : « Je tiens à dire que je suis toujours étonnée par les gens qui traversent un cancer et qui se disent épanouis après la maladie, déclare-t-elle. Le cancer est quelque chose de difficile, il y a des choses dures. Et cet espèce de fantasme d’épanouissement post-cancer, je ne crois pas que je le vive comme ça. S’il y a d’autres personnes qui ne le vivent pas comme ça non plus, je ne crois pas que ce soit grave ou que cela signifie que nous avons un problème. »

Octobre rose : 23 ans d’engagement contre le cancer du sein

Le mois d’octobre 2023 marquera la 23 édition helvétique d’ « Octobre rose », une campagne annuelle de prévention contre le cancer du sein. A cette occasion, la Dre Seidler rappelle l’utilité des programmes de prévention mis en place au niveau des cantons : « Le dépistage commence à l’âge de 50 ans, explique-t-elle, mais les dames en-dessous de 50 ans peuvent représenter 15% de l’ensemble des cas de cancer du sein. S’il y a la moindre anomalie au niveau du sein, il ne faut pas hésiter à consulter, même sans précédent dans la famille. Et en cas de cancer, on fera le nécessaire. »

Muriel Nanchen avec la Dre Seidler

Muriel Nanchen avec la Dre Seidler

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